Lorsqu’en mai 1968 l’imagination pour un bref moment prend le pouvoir, Jean-Marc, 16 ans, est élève au lycée Jacques Decour. Il accueille la fête dans la fièvre et l’exaltation. D’autant plus qu’il vit simultanément un amour fou avec une jeune femme qui mourra accidentellement en 1971 et dont le souvenir le hantera toute sa vie.
    Cette double expérience libère en lui ses virtualités créatrices : sa première exposition date de 1970 et il publie son premier recueil de poèmes en 1971. Dès lors Debenedetti ne séparera jamais ses activités de peintre, de sculpteur et de poète. Sa passion pour le surréalisme ne peut que fortifier sa volonté d’abolir les frontières entre les divers domaines de la création poétique. Il aspire à partager une expérience collective analogue. Il fonde avec quelques-uns la revue étudiante Soror (1972-1975) marquée par l’influence surréaliste et rejoint le mouvement Phases en 1975. Il participera à toutes les expositions collectives, nationales et internationales, de Phases jusqu’en 1988. Mais, très soucieux de son indépendance, refusant poncifs et dogmatismes, il fonde sa propre revue Ellébore, qui aura 8 numéros (1979-1984) à laquelle participent entre autres des artistes aussi variés que Gilles Ghez, Guy Roussille, Christian d’Orgeix, Giovanna ou Saul Kaminer, et des écrivains qui se sentent tous à des degrés divers héritiers du surréalisme. Il donne même à sa revue une plus large dimension, en éditant sous le label Ellébore des livres de Gérard Legrand, José Pierre, Philippe Audoin et moi-même, à une époque où il était particulièrement difficile pour nous de publier.
    Je me souviens de l’arrivée de Jean-Marc Debenedetti, en septembre 1979, comme professeur au lycée Janson de Sailly où il deviendrait désormais mon collègue. Sa venue prochaine m’avait été annoncée par Jean-Michel Goutier et Jean Bazin qui le connaissaient eux-mêmes depuis peu : j’attendais un poète particulièrement épris de Benjamin  Péret et du Mexique, pays où il avait séjourné l’été 1978 et qui le fascinait. Je découvris en outre un artiste enthousiaste, un jeune homme extrêmement chaleureux, aussi sensible qu’ambitieux au sens noble du terme. J’avoue volontiers que c’est en grande partie grâce à cet ami irremplaçable que je suis sorti du long silence que j’observais alors depuis près de 10 ans.

Claude Courtot
Juin 2009




Eléments bio-bibliographiques

Quelques livres
La Grande Serre, présentation de Claude Courtot,  cherche-midi éd., Paris 1989.
L’Equation du feu, cherche-midi éd., Paris 1995.
Les Elégies d’Afrique, Cheyne éd. Le Chambon-sur-Lignon 1998. Prix Kowalski.
Dans la nef du passeur, préface de Claude Courtot, Cherche-midi éd., Paris 2006.
Les Mangeurs d’horizon, éloge de la liberté, punctum éditions, Paris, 2008.

Quelques expositions

Galerie Poisson d’Or Paris 1980
Lyon ELAC Permanence du regard surréaliste, 1981.
"Amérives" (Ellebore), Paris centre culturel du Mexique 1984
"Debenedetti sur l’outre vif",  Capazza Nançay, 1986
"A l’ombre de sa fureur",  Galerie Mantoux-Gignac, Paris, 1996
Galerie Mantoux-Gignac, Paris, 2001.

Quelques ouvrages illustrés
 
Claude Courtot:  Ah ! vous dirai-je maman !, variations parallèles à des dessins de Jean-Marc Debenedetti (Ellebore 1982).
Michel Butor: Pavane, Manière Noire, 1993.
Jean Bazin: Figures de Proie, Le Grand Tamanoir, Nevers, 2008.